Faire de l’exercice en fin de matinée est-il associé à un risque réduit de maladie cardiovasculaire ?

Faire de l’exercice en fin de matinée est-il associé à un risque réduit de maladie cardiovasculaire ?

EN BREF

  • Les participants à une étude qui faisaient leur séance d’exercice en fin de matinée avaient un risque 16 % moins élevé de subir un événement coronarien et 17 % moins élevé de subir un accident vasculaire cérébral (AVC), en comparaison avec ceux qui faisaient leur exercice à un autre moment de la journée.
  • Ces effets étaient particulièrement prononcés chez les femmes, mais ils sont non-significatifs lorsqu’on considère les données pour les hommes uniquement.
  • Ces résultats illustrent l’importance potentielle de la chronoactivité dans la prévention des maladies cardiovasculaires.

Est-il préférable de faire de l’exercice le matin ou plus tard dans la journée pour réduire le risque de maladie cardiovasculaire ? C’est une question à laquelle des chercheurs néerlandais ont tenté de répondre dans une étude auprès de 86 657 participants de la cohorte UK-Biobank, âgés de 62 ans en moyenne. Les données d’activité physique des participants ont été recueillies au début de l’étude à l’aide d’un accéléromètre triaxial porté au poignet sur une période de 7 jours. Six années après le début de l’étude, 3707 événements cardiovasculaires avaient été rapportés. Les participants qui faisaient leur séance d’exercice en fin de matinée avaient un risque 16 % moins élevé de subir un événement coronarien et 17 % moins élevé de subir un accident vasculaire cérébral (AVC), en comparaison avec ceux qui faisaient de l’exercice à un autre moment de la journée.

Ces effets étaient particulièrement prononcés chez les femmes. Au contraire, la plupart des associations favorables de l’activité physique matinale disparaissent lorsque les chercheurs ont analysé les données des hommes seulement. Cette différence demeure inexpliquée et soulève la possibilité qu’un facteur de confusion puisse en être la cause. Les femmes qui font de l’exercice le matin ont-elles de meilleures habitudes de vie, non reliées à l’exercice physique, telle une meilleure alimentation ?

Des études antérieures avaient montré une association favorable entre l’activité physique matinale et une meilleure santé cardiométabolique, tant pour l’obésité (voir ici, ici et ici), le diabète de type 2 que pour l’hypertension. Cependant, un certain nombre d’études ont montré des résultats complètement opposés. Par exemple, une étude réalisée récemment au Brésil indique que pour des hommes hypertendus, l’exercice pratiqué en soirée était plus efficace que l’exercice matinal pour la récupération du rythme cardiaque et la diminution de la pression artérielle. De plus, une étude suédoise auprès d’hommes atteints de diabète de type 2 indique que l’exercice par intervalle à haute intensité (acronyme anglais : HIIT) pratiqué l’après-midi était plus efficace que l’exercice matinal pour améliorer la glycémie. Il est à noter que ces deux dernières études d’intervention sont de type « randomisées et contrôlées », un design d’étude qui permet d’obtenir un niveau de preuve scientifique relativement élevé, même si ces études ont été réalisées avec un nombre peu important de participants.

D’autres études seront nécessaires pour mieux comprendre les phénomènes de chronoactivité, mais, peu importe qu’il soit fait le matin, l’après-midi ou en soirée, il est bien établi que l’exercice physique est bénéfique pour la santé cardiovasculaire, la santé mentale et la santé en général.

Marcher en forêt a des impacts positifs sur le cerveau

Marcher en forêt a des impacts positifs sur le cerveau

Une multitude d’études ont montré que l’interaction des humains avec la nature génère plusieurs effets positifs sur la santé, autant du point de vue physique que psychologique. Une revue de ces études, récemment réalisée par notre équipe, a révélé que ces effets bénéfiques sont particulièrement convaincants en ce qui concerne la diminution du stress et de l’anxiété qui découle d’une interaction avec un milieu naturel.

Diminution de l’activité de l’amygdale

Pour mieux comprendre les mécanismes impliqués dans cette réduction du stress médiée par la nature, une équipe de chercheurs allemands s’est intéressée à la participation potentielle de l’amygdale, une région du cerveau qui joue un rôle prédominant dans la réponse au stress.

Dans cette étude, les chercheurs ont recruté 63 participants qu’ils ont répartis au hasard en deux groupes : 1) un groupe « ville », dans lequel les volontaires (31 participants) devaient marcher pendant une heure en milieu urbain (une rue commerciale de Berlin) et 2) un groupe « nature », dans lequel les volontaires (32 participants) devaient aussi marcher pendant une heure, mais cette fois dans la nature (la forêt de Grunewald, située au sud-ouest de Berlin).

En mesurant l’activité de l’amygdale de l’ensemble des participants à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), avant et après le trajet qui leur avait été assigné, les chercheurs ont observé des différences majeures entre les deux groupes : alors que la marche en milieu urbain n’a eu aucun effet mesurable, la marche en forêt a quant à elle provoqué une baisse importante (environ 50 %) de l’activité de l’amygdale des participants.  De plus, cet effet était observé de façon équivalente quand les participants étaient exposés à des visages neutres ou à des visages exprimant la peur, supposés induire une réponse de stress supérieure.  Il semble donc que le simple fait d’interagir avec la nature pendant une courte période de temps est suffisant pour influencer positivement le centre cérébral impliqué dans le stress.

Même s’il est à ce stade prématuré de conclure que cette diminution de l’activité de l’amygdale est responsable à elle seule des propriétés apaisantes de la nature, ces résultats demeurent néanmoins fort intéressants, car ils montrent pour la première fois que l’interaction avec la nature a des effets positifs mesurables sur l’activité de certaines zones du cerveau, notamment dans une zone impliquée dans la réponse au stress.