Dr Louis Bherer, Ph. D., Neuropsychologue

Professeur titulaire, Département de Médecine, Université de Montréal, Directeur adjoint scientifique à la direction de la prévention, chercheur et Directeur du Centre ÉPIC, Institut de cardiologie de Montréal.

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12 Décembre 2022
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Marcher en forêt a des impacts positifs sur le cerveau

Une multitude d’études ont montré que l’interaction des humains avec la nature génère plusieurs effets positifs sur la santé, autant du point de vue physique que psychologique. Une revue de ces études, récemment réalisée par notre équipe, a révélé que ces effets bénéfiques sont particulièrement convaincants en ce qui concerne la diminution du stress et de l’anxiété qui découle d’une interaction avec un milieu naturel.

Diminution de l’activité de l’amygdale

Pour mieux comprendre les mécanismes impliqués dans cette réduction du stress médiée par la nature, une équipe de chercheurs allemands s’est intéressée à la participation potentielle de l’amygdale, une région du cerveau qui joue un rôle prédominant dans la réponse au stress.

Dans cette étude, les chercheurs ont recruté 63 participants qu’ils ont répartis au hasard en deux groupes : 1) un groupe « ville », dans lequel les volontaires (31 participants) devaient marcher pendant une heure en milieu urbain (une rue commerciale de Berlin) et 2) un groupe « nature », dans lequel les volontaires (32 participants) devaient aussi marcher pendant une heure, mais cette fois dans la nature (la forêt de Grunewald, située au sud-ouest de Berlin).

En mesurant l’activité de l’amygdale de l’ensemble des participants à l’aide de l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), avant et après le trajet qui leur avait été assigné, les chercheurs ont observé des différences majeures entre les deux groupes : alors que la marche en milieu urbain n’a eu aucun effet mesurable, la marche en forêt a quant à elle provoqué une baisse importante (environ 50 %) de l’activité de l’amygdale des participants.  De plus, cet effet était observé de façon équivalente quand les participants étaient exposés à des visages neutres ou à des visages exprimant la peur, supposés induire une réponse de stress supérieure.  Il semble donc que le simple fait d’interagir avec la nature pendant une courte période de temps est suffisant pour influencer positivement le centre cérébral impliqué dans le stress.

Même s’il est à ce stade prématuré de conclure que cette diminution de l’activité de l’amygdale est responsable à elle seule des propriétés apaisantes de la nature, ces résultats demeurent néanmoins fort intéressants, car ils montrent pour la première fois que l’interaction avec la nature a des effets positifs mesurables sur l’activité de certaines zones du cerveau, notamment dans une zone impliquée dans la réponse au stress. 

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