Dr Louis Bherer, Ph. D., Neuropsychologue

Professeur titulaire, Département de Médecine, Université de Montréal, Directeur adjoint scientifique à la direction de la prévention, chercheur et Directeur du Centre ÉPIC, Institut de cardiologie de Montréal.

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Santé mentale : les « sportifs du week-end » obtiennent des bienfaits similaires à ceux qui font de l’exercice régulièrement pendant la semaine

En bref

  • Une étude prospective auprès de 75 629 participants avait pour but de vérifier l’impact du patron d’exercice physique pendant la semaine sur la santé mentale. 
  • Les personnes qui concentrent leurs exercices physiques durant 1 ou 2 jours pendant la semaine, tels les « sportifs du week-end », ont moins de risques de démence, comme la maladie d’Alzheimer, de maladie de Parkinson, de dépression, d’anxiété, et dans une moindre mesure d’AVC, comparativement aux personnes inactives (<150min/sem.).
  • Les bienfaits de pratiquer des exercices modérés à vigoureux plus de 150 minutes par semaine étaient les mêmes pour les sportifs du week-end qui concentrent 50% ou plus de leurs exercices sur 1-2 jour que pour les personnes qui font de l’exercice plus régulièrement plusieurs jours par semaine.

L’exercice physique est associé à des risques moins élevés de maladies neurologiques et psychiatriques, incluant la démence, l’AVC, la maladie de Parkinson, le trouble dépressif et le trouble anxieux. Faire de l’exercice durant 1 ou 2 jours par semaine, un type de comportement communément nommé « sportifs du week-end » (de l’anglais week-end warriors), peut-il être aussi efficace pour la santé du cerveau qu’en faire la même quantité répartie sur les sept jours de la semaine ?   C’est à cette question que des chercheurs ont voulu répondre dans une étude publiée récemment dans le journal Nature Aging. La question est pertinente puisque les contraintes de la vie moderne font que de plus en plus d’adultes ne peuvent pas faire d’activité physique durant la semaine et optent plutôt pour des sessions intenses durant le week-end ou sur 1 ou 2 jours.

Les chercheurs ont analysé les données recueillies auprès de 75 629 participants à la UK Biobank. Les participants ont porté un accéléromètre afin de mesurer précisément et de façon objective les niveaux d’activité physique. Les participants ont été divisés en trois groupes :

1) Personnes inactives (moins de 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée à vigoureuse ;

2) Personnes régulièrement actives (>150 minutes d’activité physique réparties également durant la semaine) ;

3) Sportifs du week-end (>50% de l’activité physique sur 1 ou 2 jours)

Durant les 8,4 années de suivi, l’incidence de démence, maladie de Parkinson, AVC, trouble dépressif, trouble anxieux et maladie bipolaire parmi les participants a été établie à partir des dossiers médicaux. Durant cette période, 530 participants ont reçu un diagnostic de démence, 319 ont reçu un diagnostic de maladie de Parkinson, 1468 ont eu un AVC, 1507 ont souffert d’un trouble dépressif, 1794 d’un trouble anxieux, et 18 d’un trouble bipolaire. Comparés aux participants inactifs, et en contrôlant pour le style de vie et les conditions de santé, les sportifs du week-end qui font 150 minutes ou plus par semaine d’exercice vigoureux à intense avaient des risques moindres de démence (-23%), d’AVC (-13%), de maladie de Parkinson (-49%), de trouble dépressif (-26%) et de trouble anxieux (-28%). Des réductions similaires (sans différence significative selon l’analyse statistique) ont été observées chez les participants actifs régulièrement. 

Peu importe la quantité d’exercice physique, les participants actifs (régulièrement ou durant 1-2 jours/semaine) avaient des réductions de risques similaires. Faire de l’activité physique 1 à 2 jours/semaine était associée à une réduction significative du risque de maladie de Parkinson autant chez les plus jeunes (-50%) que chez les participants plus âgés (-52%), chez les femmes (-56%) autant que chez les hommes (-45%). 

Les résultats de cette étude indiquent que les personnes qui font de l’exercice physique sur 1 ou 2 jours par semaine bénéficient de réductions des risques de maladies neurologiques et de troubles psychiatriques similaires aux personnes qui font de l’exercice régulièrement. Des études antérieures avaient déjà montré que de faire de l’exercice 1 ou 2 jours par semaine comme les sportifs du week-end était associé à une réduction du risque de mortalité prématurée de 30%, comparé aux personnes inactives (voir notre article). Selon une autre étude, les risques de maladies cardiovasculaires étaient réduits autant chez les sportifs du week-end que chez les personnes actives régulièrement, incluant la fibrillation auriculaire (22% vs 19%), l’infarctus du myocarde (27% vs 35%), l’insuffisance cardiaque (38% vs 36%) et l’AVC (21% vs 17%), en comparaison aux personnes inactives. 

Une autre étude auprès de 89 573 participants à la cohorte de la UK Biobank, qui ont porté un accéléromètre durant une semaine, a testé s’il y a des associations significatives entre l’activité physique et l’incidence de 678 conditions de santé. En comparaison avec les participants inactifs (<150 minutes/semaine d’activité physique intense à modérée), les sportifs du week-end et les participants actifs régulièrement avaient des risques significativement réduits pour plus de 200 conditions de santé. Les associations les plus fortes ont été observées pour des conditions cardiométaboliques telles que l’hypertension (sportifs du week-end : -23%, actifs régulièrement : -28%) ; le diabète de type 2 (sportifs du week-end : -43%, actifs régulièrement : -46%) ; l’obésité (sportifs du week-end : -45%, actifs régulièrement : -56%) et l’apnée du sommeil (sportifs du week-end : -43%, actifs régulièrement : -51%). En comparant directement les sportifs du week-end avec les personnes actives régulièrement, aucune différence significative n’a été trouvée pour toutes les conditions de santé. 

Dans leur ensemble, les résultats des études récentes indiquent que c’est le volume total d’activité physique, plutôt que le « pattern » qui semble être important pour réduire le risque de plusieurs maladies cardiométaboliques, neurologiques et psychiatriques. Marcher de 4000 à 10 000 pas par jour durant la semaine et faire de l’exercice plus intense le week-end pourrait être un scénario idéal pour les personnes qui ne peuvent faire de l’exercice durant la semaine. 


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