Dr Martin Juneau, M.D., FRCP

Cardiologue, directeur de l'Observatoire de la prévention de l'Institut de Cardiologie de Montréal. Professeur titulaire de clinique, Faculté de médecine de l'Université de Montréal. / Cardiologist and Director of Prevention Watch, Montreal Heart Institute. Clinical Professor, Faculty of Medicine, University of Montreal.

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Qu’est-ce que le régime méditerranéen ?

Berceau de la civilisation occidentale, le bassin méditerranéen possède également une des plus riches traditions culinaires du globe en raison de l’influence combinée des cultures européenne, africaine et moyen-orientale. Bien qu’il n’y ait pas de régime méditerranéen unique, car chaque pays de cette région possède des pratiques culinaires qui lui sont propres, la cuisine méditerranéenne traditionnelle possède néanmoins certains traits communs, notamment la place prédominante occupée par les aliments d’origine végétale (fruits, légumes, légumineuses, noix, graines, produits céréaliers, huile d’olive, vin rouge). La convivialité des repas, de même que le plaisir de prendre le temps de cuisiner et de manger les aliments, sont également des éléments incontournables de l’alimentation méditerranéenne et font en sorte que les repas sont des moments privilégiés de sociabilité et participent à la cohésion de la communauté. Plus qu’une simple façon de s’alimenter, le régime méditerranéen est donc un véritable mode de vie, désormais reconnu par l’UNESCO comme faisant partie du patrimoine culturel immatériel de l’humanité .

Du point de vue scientifique, ce qu’on appelle aujourd’hui « régime méditerranéen » ou encore « régime crétois »  fait référence au mode d’alimentation des habitants du sud de l’Italie et de la Grèce au cours des années 50 et 60, soit avant la globalisation des échanges commerciaux. Il s’agit en pratique d’une alimentation frugale, principalement végétarienne, typique des sociétés rurales pauvres de cette région à cette époque. L’intérêt porté à ce type de régime méditerranéen provient d’études, notamment celle des Sept Pays, qui ont noté que les habitants de cette région (les îles grecques de Crête et de Corfou, par exemple) avaient une incidence remarquablement basse de maladies cardiovasculaires (angine, infarctus), plusieurs fois inférieure à celle de pays comme la Finlande ou les États-Unis. Puisque la principale différence entre ces peuples était la nature de leur alimentation, il fut proposé que le régime méditerranéen contenait des éléments qui possèdent la propriété de prévenir le développement des maladies cardiovasculaires, ce qui a été clairement démontré par la suite lors de plusieurs études.

Comme l’illustre la pyramide ci-dessous, les principales caractéristiques du régime méditerranéen sont a) une consommation abondante de produits végétaux comme les céréales, les légumes, les fruits, les légumineuses et les noix ; b) un apport relativement élevé en matières grasses, principalement sous forme d’huile d’olive ; c) une consommation modérée de poissons, de produits laitiers et de volailles et d) une faible consommation de viandes rouges, de charcuteries et de sucreries.  Le régime inclut également une consommation modérée d’alcool, surtout de vin rouge, pendant les repas. Il s’agit donc d’une alimentation très variée, riche en végétaux, en gras monoinsaturés et polyinsaturés oméga-3, dans laquelle les sucres complexes des fibres et des céréales sont les sources principales de glucides, et où les protéines sont principalement d’origine végétale au lieu d’animale.  En raison de l’abondance de ces aliments bénéfiques, un autre point positif du régime méditerranéen est qu’il est en contrepartie dépourvu d’aliments industriels transformés, contenant des quantités importantes de sucres ajoutés, de gras saturés ou trans et de sel, et qui sont connus pour favoriser l’excès de poids et augmenter le risque de maladies cardiovasculaires.

Il n’y a donc aucun doute qu’une alimentation de type méditerranéen, riche en végétaux et dans laquelle la consommation de viande est très modérée (environ un repas par semaine), entraîne des effets extrêmement positifs sur la santé cardiovasculaire, autant dans la population en général que chez les personnes qui ont déjà subi un accident cardiaque. Selon notre expérience des 20 dernières années au Centre ÉPIC de l’Institut de Cardiologie de Montréal, la plupart des gens s’adaptent facilement à ce régime et ont même tendance à conserver de façon durable ces nouvelles habitudes alimentaires en raison du bien-être général qu’elles apportent.

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