Dr Martin Juneau, M.D., FRCP

Cardiologue, directeur de l'Observatoire de la prévention de l'Institut de Cardiologie de Montréal. Professeur titulaire de clinique, Faculté de médecine de l'Université de Montréal. / Cardiologist and Director of Prevention Watch, Montreal Heart Institute. Clinical Professor, Faculty of Medicine, University of Montreal.

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Effets cardiométaboliques bénéfiques du régime végétalien vs un régime omnivore

En bref

  • Dans une étude clinique randomisée et contrôlée, 22 paires de jumeaux identiques ont été assignées à suivre un régime alimentaire végétalien ou omnivore durant huit semaines.
  • À la fin de l’étude, les participants qui ont suivi le régime végétalien ont vu leurs concentrations de cholestérol-LDL et d’insuline dans le sang diminuer significativement, et ils ont perdu 1,4 kg de poids corporel en moyenne.

Les régimes alimentaires à base de végétaux ont gagné en popularité depuis quelques années, autant pour diminuer l’impact environnemental que pour les bienfaits qu’ils procurent pour la santé, en comparaison au régime omnivore. Les régimes alimentaires à base de végétaux sont très variés, ce qui encourage à réduire la consommation d’aliments d’origine animale. De nombreuses études populationnelles et d’intervention indiquent que le régime végétalien est associé à une meilleure santé cardiovasculaire et à un risque moindre de maladie cardiovasculaire. Les bienfaits pour la santé ont été attribués à la consommation quotidienne élevée de légumes et fruits, légumineuses, grains entiers et noix en comparaison avec d’autres régimes alimentaires (voir nos articles sur le sujet ici et ici). Les aliments consommés par les végétaliens sont peu denses en énergie, à teneur élevée en fibres, vitamines, minéraux et phytonutriments comparés à ceux consommés par les autres régimes alimentaires. Cependant, le régime végétalien peut être déficient en quelques éléments telle la vitamine B12. De plus, un régime alimentaire végétalien mal formulé, qui contient surtout des végétaux de piètre qualité, des sucres raffinés, etc. (produits transformés et ultra-transformés) ne permettra pas d’obtenir les bienfaits d’un régime végétalien sain et équilibré (voir notre article sur le sujet). 

Une des meilleures façons d’établir si un régime alimentaire offre des avantages sur un autre est de les comparer dans une étude d’intervention. C’est ce qu’ont fait des chercheurs américains dans un essai clinique randomisé et contrôlé d’une durée de 8 semaines auprès de 22 paires de jumeaux identiques (44 participants). L’un des jumeaux de chaque paire a été assigné au hasard à suivre un régime alimentaire végétalien et l’autre un régime omnivore de bonne qualité. Durant les 4 premières semaines, les participants ont reçu des repas préparés par une entreprise spécialisée et livrés à domicile. Durant les 4 semaines suivantes, les participants ont préparé eux-mêmes leurs repas et collations. Les 4 premières semaines avec livraison des repas à domicile permettent de faciliter l’adhésion des participants au régime alimentaire.  

Après les 8 semaines de l’étude, les participants qui ont suivi le régime végétalien ont vu leur cholestérol-LDL sanguin diminuer significativement de 0,40 mmol/L (–14%), leur niveau d’insuline à jeun diminuer de 2,2 µIU/mL et ils ont perdu 1,4 kg de poids corporel en moyenne. Aucun changement significatif des niveaux de ces facteurs de risque cardiométaboliques n’a été mesuré chez les participants qui ont suivi le régime omnivore après les 8 semaines de l’étude.  

Les participants assignés au régime végétalien ont ingéré moins de protéines (en pourcentage des calories totales), avaient un moindre degré de satisfaction, un apport moins élevé en cholestérol alimentaire, mais ils ont consommé plus de végétaux et leur apport en fer était plus élevé. Bien qu’ils avaient un apport en vitamine B12 moins élevé que celui du groupe omnivore, les participants du groupe végétalien n’avaient pas des taux sanguins de vitamine B12 significativement moins élevés après 8 semaines, probablement à cause des réserves stockées dans le foie. On encourage généralement les végétaliens à long terme à prendre des suppléments de cyanocobalamine (vitamine B12) (voir notre article sur le sujet). 

Plusieurs études ont déjà montré que le régime végétalien peut améliorer la santé cardiométabolique. Un point unique de l’étude dont il est question ici est qu’elle a été réalisée chez des jumeaux identiques, ce qui permet de contrôler les facteurs génétiques et environnementaux qui peuvent avoir un impact significatif sur la santé, incluant le poids corporel, la santé cardiovasculaire et le métabolisme. Puisque les jumeaux identiques ont un génome (ADN) pratiquement identique et qu’ils ont beaucoup en commun (même sexe et âge, éducation, environnement durant l’enfance, exposition similaire à d’autres facteurs), les effets favorables du régime végétalien sur la santé observés dans cette étude peuvent être attribués en grande partie au régime alimentaire lui-même.  

Les chercheurs ont testé d’autres marqueurs tels que le cholestérol-HDL, les triglycérides, le triméthylamine-N-oxyde (TMAO), le glucose et l’insuline, mais aucun changement significatif des niveaux de ces marqueurs n’a été observé chez les participants des 2 groupes. Les auteurs soulignent que 2 facteurs pourraient avoir limité l’ampleur des différences entre les deux groupes : 1) les participants des 2 groupes (végétaliens et omnivores) ont été assignés à manger des aliments de bonne qualité, en l’occurrence des aliments de meilleure qualité que ceux consommés habituellement avant le début de l’étude. Même les participants omnivores ont amélioré la qualité de leur alimentation durant la durée de l’intervention (par ex. : plus de légumes et de grains entiers, moins de sucres ajoutés et de grains raffinés) ; 2) Les participants avaient un taux de cholestérol-LDL moyen qui n’était pas élevé (2,97 mmol/L), ce qui laisse peu de marge pour une baisse. Néanmoins, des améliorations significatives ont été observées pour 3 facteurs de risque (cholestérol-LDL, insuline, poids corporel) parmi les participants végétaliens durant une intervention somme toute assez courte de 8 semaines.  

En résumé, cette nouvelle étude d’intervention de grande qualité suggère qu’un régime alimentaire à base de végétaux offre un avantage significatif en terme cardiométabolique, en comparaison avec le régime omnivore.  

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